L’écoutance. Ce barbarisme pourrait définir l’enjeu de ce film par analogie avec voyance.
La jeune fille d’un couple entend soudain ce que ses parents disent toute la journée, sans qu’ils ne s’en rendent compte. Il y a bien entendu (c’est le cas de le dire) des aspects amusants à cette fiction.
Mais c’est un film philosophique qui pose une grave question, celle de savoir si l’on peut tout entendre, tout dire et tout savoir sur la vie intime, en particulier entre des êtres aussi proches qu’un couple et leur fille adolescente.
Il ne s’agit pas de capter une indiscrétion, d’écouter aux portes. Cette enfant entend tout et donc est confrontée au profond hiatus entre le récit partagé en famille et le vrais, ce qui est vécu par les parents dans leurs milieux professionnels. A découvrir en salle.
Le traitement visuel est le parfait reflet de l’enjeu : un environnement très lumineux, transparent, austère, sans intimité ni chaleur.
Les nombreux gros plans des visages cherchent à faire partager les vibrations intimes, les émotions contenues. Et il y en a toute une gamme…
La musique souligne de façon admirable les moments de tension et de détente, elle est de Beethoven, Schubert, Brahms…
Ce genre de film ne peut laisser indifférent parce qu’il nous met tous face à nos doubles discours, à nos mensonges par omission, et il pose la complexe question de la sphère d’intimité à laquelle nous aspirons, aux secrets dont la divulgation peut bouleverser nos vies. Le dernier plan du film annonce admirablement que nul ne peut s’affranchir de ce risque d’en savoir trop.