Ce film est un superbe Panthéon à la gloire des infirmières. La caméra suit au plus près et avec une remarquable souplesse dans des lieux malcommodes pour y filmer, la journée d’une infirmière qui vit un véritable marathon dans un service d’oncologie. C’est une galopade incessante d’un lit à l’autre, d’une chambre à l’autre, scandée par la désinfection des mains et une rafale d’appels téléphoniques. Le nombre d’actes techniques accomplis est stupéfiant, des plus simples aux plus complexes, nécessitant une dextérité exceptionnelle et un très vaste savoir. Et cela dans un contexte émotionnel d’une diversité que le lieu rend parfois particulièrement pathétique, même s’il est aussi ponctué d’une immense humanité, et de drôleries.
Toute personne ayant été hospitalisée, ou ayant accompagné un parent en traitement, retrouvera la grande considération qu’inspire ce travail harassant et essentiel de cette héroïne (Heldin en allemand). Le film se termine à la fin de cette journée par un constat très préoccupant, celui du manque d’infirmières de façon croissante dans le monde. Si ce récit restera dans nos mémoires comme les percussions de 20h sur les casseroles lors du Covid, espérons cette fois que ce bruit atteignent enfin celles et ceux qui gèrent les deniers publics qui doivent financer ce travail dont tout être humain aura besoin un jour.
Troisième long métrage d’une réalisatrice suisse très reconnue déjà, tant pour ses courts métrages que pour ses réalisations pour la télévision, elle nous montre de façon éclatante, avec un sujet somme toute modeste, l’admirable écriture du scénario qui met en œuvre chaque geste, chaque regard, et un accompagnement sonore incroyablement minutieux.
Un travail d’orfèvre servi par l’admirable comédienne allemande Leonie Benesch très appréciée depuis son rôle de nounou dans Le Ruban blanc, puis, entre d’autres prestations, dans le remarquable Das Lehrerzimmer où déjà, elle courrait à longueur de couloirs.
Courrez vite la retrouver, elle vous soignera avec dévouement et un immense talent.