She Came to me de Rebecca Miller
Plusieurs rencontres ! Celle de deux jeunes qui s’aiment, celle de leurs mères, celle de l’une des mères avec un musicien, compositeur fantasque d’opéra, de petite taille, (on ne peut plus dire « nain » mais « souffrant d’achondroplasie ») avec une capitaine de remorqueur dans le port de New York. Et tout ce petit monde vit, travaille, étudie et ils sont confrontés aux « choses de la vie » dans une ambiance légère, amusante qui fait penser à Woody Allen, pas seulement à cause de la ville, mais aussi par ce mélange d’humour et de questions plus graves qui interpellent au-delà de la façon souvent malicieuse qui les amènent.
Si l’intention de la réalisatrice est de nous proposer quelques portraits « à la marge » et singulièrement de femmes de caractère, elle me semble avoir très finement atteint son but.
Vous apprécierez un casting très bien contrasté d’acteurs et d’actrices qui ne quittent guère le registre « naturaliste » bien que les situations dans lesquelles ils évoluent soient parfois complétement dégantées, et cela ajoute au charme de ces « tranches de vie ». Je vous recommande les scènes de psychanalyse d’un patient, absolument hilarantes.
Un mot de Peter Dinklage, le musicien compositeur en proie à des crises de création. Il a une carrière importante déjà et a défendu maints rôles que sa petite taille rendait singuliers. Il me fait penser à Michel Petrucciani, séducteur de jolies femmes, lui aussi.
Fille d’Arthur Miller, la réalisatrice en est à son 7e film et chaque fois elle explore les comportements de femmes comme seule sans doute une femme arrive à nous les montrer. C’est très joyeux, souvent drôle et plein d’une subtile sensibilité comme, déjà, j’avais eu le plaisir de le souligner pour l’un de ses précédents films, Maggie’s Plan
Une rencontre à ne pas rater ! Parce qu’elle est inattendue.
Soudain seuls de Thomas Bidegain
Allez-y en nombre, ce film en vaut la peine pour plusieurs bonnes raisons.
La première sans doute est la beauté des images, la suivante c’est de voir l’actrice Mélanie Thierry dans un rôle âpre qu’elle défend de façon convaincante. Gilles Lellouche m’a semblé parfois meilleur ; est-ce dû à son personnage qui laisse la part belle à la femme dans ce duo d’acteurs en tête à tête ?
Que leur est-il arrivé ? Ils faisaient une croisière hauturière dans des mers absolument impossibles. Attirés par une île isolée et inhabitée, ils laissent leur voilier à l’ancre et accostent grâce à un petit dinghy. La suite à l’écran, mais vous avez deviné déjà que le voilier a mis les voiles sans son équipage…
Dans cette situation extrême de film survival, le double intérêt du récit s’appuie sur les stratégies de survie et sur les ressentiments échangés entre ces deux personnes. C’est très intéressant, sauf quand le dialogue est inaudible, marque stupéfiante du cinéma français dont les mixages semblent souvent faits par des sourds.
Le récit connait des longueurs et les situations semblent parfois un peu artificielles, à la limite du vraisemblable. Le réalisateur est un scénariste admiré et admirable lorsque d’autres font la mise en scène. (Un prophète- De rouille et d’os- Dheepan – Les Frères Sisters , tous deux de Jacques Audiard– A perdre la raison – La Famille Belier- Stillwater – Notre dame brûle ). Nous avions vu déjà Les Cowboys son premier long métrage dont les faiblesses se retrouvent un peu ici.
Mais cela ne justifie pas que le film soit coulé. Il soulève des questions qui ne laisseront personne indifférent. Ni seuls à en discuter.