Michel Gondry est un des cinéastes les plus inventifs et souvent les plus fantaisistes de sa génération. A Hollywood, il a réalisé deux de ses meilleurs films, Be kind, rewind (soyez sympas, rembobinez) et surtout son chef d’œuvre, Eternal Sunshine of the Spotless Mind (avec un Jim Cary étourdissant), sorte de fable folle entre rêve et réalité. Qui a valu au film l’oscar du meilleur scénario (signé Charlie Kaufman et notre compatriote Pierre Bismuth).
Un scénariste, c’est précisément ce qui manque cruellement à son dernier film, Le Livre des Solutions, tourné au fond de la campagne française.
Il y a un pitch dont on devine qu’en d’autres temps, il lui aurait permis une variation drôle, décalée mais qui reste ici à l’état de pitch. Un réalisateur s’enfuit avec sa monteuse et deux assistants ainsi que les rushes dans la maison de sa vieille tante quand les producteurs ne veulent plus qu’il termine son film. Mais seule sa monteuse est capable de continuer le boulot. Et bien sûr de terminer brillamment le film dont on ne verra jamais qu’une seule séquence.
Rien ne fonctionne dans ce film malade, on ne croit pas un instant au réalisateur, incarné par le très faible mais très grimaçant Pierre Niney (il n’est pas mauvais ; il est très mauvais, aurait dit Louis De Funès), ni à ce bout d’intrigue qui jamais ne rebondit, ni ne nous surprend, ni ne prend des détours inattendus. Il n’y a juste rien. Le vide. Les comédiennes qui entourent le pauvre Niney font ce qu’ils peuvent mais sans dialogues, c’est pas gagné. Depuis qu’il est rentré en France (« L’Ecume des Jours » et « Microbe et gas oil »), Gondry semble avoir perdu sa verve, son inventivité. ON atteint le fond. C’est peut-être alors qu’on rebondit. ? Croisons les doigts…