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Le billet d’humeur de Francis de Laveleye

Beau is Afraid de Ari Aster 

Atroce, un film d’épouvante épouvantable, insupportable, interminable et sans le moindre intérêt. Avec une image tellement sombre que pendant trois heures de supplice, on est soumis à une torture visuelle que la musique mélasse ne fait que renforcer.

Beau est le prénom d’un homme dans la maturité qui est profondément dérangé mentalement et donc tout ce qui va se passer, et il s’en passe, sera vu d’un angle fantasmatique. Un peu, ça va, après, bonjour les dégâts.

Le réalisateur m’avait séduit avec Midsommar, il semble qu’ici il soit retombé dans son addiction à l’épouvante de pacotille.

Joaquin Phoenix tel un Atalante olympique porte ce film d’un bout à l’autre qui depuis la naissance jusqu’à la mort évoque le lien mère-fils, dans une version totalement tordue.

Alors certains vont s’exclamer en criant au génie, au chef d’œuvre, d’autre, comme moi ne comprennent rien à ce genre tarabiscoté, très construit, un peu prétentieux dans la mission de délivrer du neuf et du sensationnel. Il n’y a pas de quoi être effrayé, mais ce n’est pas beau.

 

L’Ultima notte di Amore – Dernière nuit à Milan de Andrea Di Stefano 

Une fois de plus le titre est mal traduit… Amore est le nom d’un flic qui, à la veille de sa mise à la retraite, est à la fois fêté et entrainé dans une affaire à découvrir à l’écran. C’est sa dernière nuit de travail…

C’est un polar pur et dur très bien écrit, admirablement filmé et je vous recommande le plan du générique de début : un survol spectaculaire de Milan qui se termine de façon très précise pour nous présenter l’un des protagonistes du film durant la fête.

Les ingrédients sont nombreux et comme dans une préparation culinaire, bien épicés : épouse, ami, fils de l’ami, entremetteur, capo chinois entouré de quelques jeunes dames tarifées, puis de proches amis, gardes du corps, et tout ce petit (im)monde va s’intéresser à un commerce rarement exploité par le cinéma.

La recette fonctionne admirablement et se déguste par petites scènes très bien tournées, avec pratiquement toujours à l’écran Amore, interprété magistralement par Pierfrancesco Favino qui m’avait impressionné déjà dans Nostalgia, Nos plus belles années parmi tant d’autres.

Le réalisateur est un acteur confirmé qui signe ici sa troisième mise en scène, brillante. Le film est tourné sur de la pellicule kodak 35 m/m ce qui donne aux images, toutes de nuit, un style très maîtrisé.

L’ambition du scénario est un peu tirée par les cheveux (le flic honnête mais qui se fait des petits suppléments sur le côté) et nous devrions être pris de compassion… La construction habile du récit permet d’entremêler les points de vue des différents protagonistes, dans une chronologie qui fait quelques va-et-vient. Bref, du boulot de super pro, mais que je range dans la catégorie assez détestable des films violents et dont l’intention apparente qui consiste à plaindre un pauvre flic devient un plaidoyer pour la délinquance, bercée dans une tendre histoire d’amour (je le précise pour celles et ceux qui n’aurait pas compris le jeu de mot du titre…) ne justifie cette violence que par un goût pervers du sang. C’est une nuit de cauchemar qui illustre bien l’une des répliques : le diable se cache dans l’argent.

Francis de Laveleye

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