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Review Megalopolis

de Francis Ford Coppola

 

Voici un bel exemple de film mésestimé par la critique, réalisé par un des auteurs les plus importants du 7e art qui mérite plus qu’un bashing de vile inspiration. Le Parrain, Conversation secrète, Apocalypse Now pour ne citer que peu de titres parmi une trentaine et sans détailler son importance comme producteur d’une cinquantaine de films.

Celui-ci est un film « méga », oui, « mégalo » oui, mais quel spectacle avec une dimension testamentaire qui ne peut laisser indifférent.

Le début du film nous montre un homme au bord du suicide et une voix off nous questionne sur la préservation du patrimoine humain, en évoquant Rome dont la décadence semble être le parfait exemple du risque actuel d’un monde au bord de l’anéantissement. Et la proclamation « America is now kaput » prend aujourd’hui une résonance toute particulière.

Ces références sont nombreuses qui vont de la Rome antique jusqu’au carnaval de Venise, nous interrogeant à chaque fois sur les causes qui ont fait émerger ces moments de déclin, de fuite mais aussi de changements, et elles nous interpellent quant à la façon de l’éviter pour le futur, incarné par ce petit bébé laissé tout pantois, suspendu dans l’espace, le regard vers le bas, scrutant l’on ne sait quoi, l’inconnu qui l’attend. Et comme il se prénomme Francis, on lui souhaite le meilleur !

Si des grands noms de l’histoire antique sont utilisés, le riche Hamilton Crassus III, Franklyn Cicero ou Cesar Catilina qui s’opposent comme des politiciens belges sur l’avenir de cette ville, New Rome que, tels des Léopold II et Poelart, ils ambitionnent de modifier et reconstruire selon leurs volontés.

Certains dessins d’architecture futuriste ne manquent pas d’évoquer ceux de François Schuiten par leurs audaces que l’on retrouve dans des décors absolument extravagants. Et qui pour certains, font allusion à Metropolis, autre grand film sur les cités inhumaines.

Une kyrielle d’acteurs de grand renom contribuent à donner vie à ce phantasme : Adam Driver toujours aussi expressif que Buster Keaton, Dustin Hoffman qui passe en voisin, Jon Voight parmi tant d’autres.

Pour ce qui est des rôles féminins, il y a une véritable provocation dans leurs personnages qui, si elles ne sont pas danseuses aux seins nus, sont mères abusives, maîtresses ou faiseuses de bébés.

Et pour donner plus de majesté encore à ces images de ville futuriste, le procédé VistaVision sur pellicule 35 m/m est utilisé avec ce défilement horizontal permettant une image à 8 perforations au lieu de 4. L’image de grande taille et de meilleure qualité car déjà rectangulaire, occupe toute la hauteur de la pellicule ce qui favorise les trucages en post-production. Et nous n’en serons pas privés dans ce film baroque.

Il faut aller voir cette œuvre en laissant nos réflexes cartésiens au vestiaire. Rares sont les films d’une telle ampleur sans être soutenus par un scénario cohérent, une histoire simple.

Ici nous sommes dans l’onirisme débridé mais sensible à cette proclamation « Si l’on a aimé, l’on peut défier le temps ».

Francis de Laveleye

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