Belle Enfant de Jim (de son vrai nom Thierry Terrasson)
Jolies adultes. Elles sont trois, les filles d’une mère assez fantasque et leurs tempéraments à toutes quatre, leurs caractères forts, leurs parcours de vie ne les rapprochent que très rarement.
Le film nous raconte précisément un de ces moments de réunion familiale chez l’oncle, (admirable Albert Delpy que l’on retrouve déjà dans Les Barbares). Il est le frère de la mère et habite un endroit paradisiaque en Italie, là où il coule une douce retraite en compagnie d’une dame qui vaut le prix de la place de cinéma !
Une voix off va nous guider dans les informations et les ressentis de cette famille très dysfonctionnelle. Mais assez joyeuse où la liberté de parole et de mœurs est assumée sans gêne par chacune.
L’on comprend petit à petit que l’intention du scénariste/réalisateur est d’interroger les questions de maternité et la fin des utopies familiales, de fin de vie aussi. Et il le fait avec une verve parfois trop bavarde, mais toujours rythmée, pétillante et souvent le spectateur se sent interpelé personnellement tant la diversité des sujets évoqués semble le riche reflet de nos sociétés.
Ce premier film d’un prolifique auteur de B.D. a un ton qui tranche positivement avec la comédie franchouillarde, les acteurs sont peu ou pas connus, tous jouent de façon convaincante et le côté un peu bricolé de la production se ressent ici ou là de façon sympathique.
Pour une première œuvre dont il faut espérer qu’elle ne reste pas unique, on peut dire déjà que c’est un bel enfant.
Louise Violet de Éric Besnard
Le grand talent classique de ce réalisateur (plus de 10 films) a déjà été apprécié dans Le Goût des merveilles, Délicieux ou Les Choses simples pour plusieurs raisons que l’on retrouve ici réunies avec bonheur. Un casting de grande qualité, une beauté exceptionnelle des images, un dépaysement, une ruralité authentique et ici un saut dans le temps qui nous amène à 1889.
C’est le 28 mars 1882 que la célèbre loi Jules Ferry rendant l’instruction obligatoire dès 3 ans a été votée. Un enseignement gratuit, obligatoire et laïc !
Louise Violet est institutrice et son passé, que vous découvrirez petit à petit dans le film, la destine, par vocation aussi, à prendre ses quartiers dans un village où l’agriculture prime sur la culture. Une population pauvre qui arrive à peine à se nourrir par un travail opiniâtre accompli aussi par les enfants.
La voix off de notre personnage central admirablement incarné par Alexandra Lamy nous distille certains éléments d’information ou d’explication qui permettent à la narration d’être continue, sans flash-back. Le maire, menuisier, interprété par un Grégory Gadebois une nouvelle fois excellent, installe l’école (et le logement de l’institutrice) dans une étable jouxtant son domicile. Il sera un intercesseur déterminant avec une population réfractaire à l’idée même d’enseignement. Le facteur du village jouera un peu le rôle des réseaux sociaux d’aujourd’hui, en colportant des nouvelles, souvent fausses, qui agitent les esprits les plus prompts à s’enflammer.
C’est un film sur « la bonne parole », une métaphore sur l’obscurantisme qui menace partout là où les forces politiques conservatrices triomphent.
Ce film est à voir aussi par des jeunes en âge scolaire pour qu’ils comprennent qu’enseignés et enseignants sont liés par un pacte : celui de faire progresser l’humanité.