Origin de Ava DuVernay
A l’origine de ce film passionnant, un best-seller américain : Caste : The Origins of Our Discontents (mécontentements) dont l’autrice noire américaine est Sabel Wilkerson. Elle est remarquablement incarnée par Aunjanue Ellis que nous avions admiré dans La Couleur pourpre et La Méthode Williams e.a.
Le sujet du film est assez cérébrale : l’origine du racisme. Si nous croisons des milieux académiques qui en discutent, un autre aspect du film est clairement documentaire : le nazisme antisémite, les castes en Inde, et bien entendu les actes inspirés aux E.U. par la haine des noirs.
A cette double approche se mêlent de nombreux éléments biographiques qui sont intensément émouvants.
Le racisme n’est pas un « fourre-tout » expliquant la violence sociale. Et nous sommes amenés à entrer dans la complexité des analyses qui mettent en lumière l’opacité de ce drame sociale si répandu sur terre.
Nous irons à la découverte des Dalits, les opprimés en Inde, ces populations hors castes dites « intouchables ». Parce que la réflexion complexe qui est développée dans le film suggère que ce n’est pas la couleur de la peau mais la position sociale qui est à l’origine des ségrégations. Peut-on distinguer un Juif ou un intouchable de la population dans laquelle ils sont immergés ? La déshumanisation des castes « inférieures » ouvre grande la porte à la persécution et au racisme plus évident à incriminer lorsque la couleur de la peau est le critère clivant.
Le film parfois un peu long dans certains développements, veut donner du temps pour que s’installe une profonde émotion, soutenue chaque fois par une musique de cordes avec un peu de piano qui souligne la douleur ressentie, due parfois à des images brèves, fortes et interpellantes. Aurions-nous osé refuser de lever le bras, isolé dans cette foule hurlante devant le Führer ? Tant d’autres questions sont évoquées qui nous laissent un peu chaos à cause de l’étendue de la problématique mise en lumière dans toute sa complexité et les origines de ce qu’il est convenu de nommer maintenant « l’intersectionnalité » dont nous comprenons mieux les origines.
Drive-Away Dolls de Ethan Coen
Nous sommes en 1999, à Philadelphie, immergé dans un saphisme joyeux, décomplexé et militant. Ce film est une ode au godemichet dont je n’ose écrire qu’elle nous embarque dans une histoire qui n’a ni queue ni téton. Les lesbiennes en folies.
Et l’une d’elle entreprend de déniaiser une employée de bureau très coincée dont la lecture préférée est Henry James dont le roman Portrait de femme justifie peut-être sa place dans cette aventure. Ces deux jeunes femmes entreprennent un voyage vers la ville de rêve que tout le monde connait, Tallahassee en Floride. Elles louent une voiture qu’elles doivent amener au siège local de la société de location dans cette ville. Mais suite à une embrouille pas possible, elles seront poursuivies par des gangsters, façon bras cassés, de motels miteux en juke-joints (établissement singuliers où s’écoute du blues et devenus des lieux de rencontres pour queer). Elles font, en voiture, un sleighte ride, expression qui désigne « tour en traîneau ». Et quelques moments de pose nous donnent à voir des images psychédéliques, hyppiesantes, inspirées peut-être par des substances psychotropes.
Ce qui contribue grandement à donner un style complètement barge à l’ensemble. Certains doivent raffoler de ce genre road et buddy movie qui permet au réalisateur une incongruité constante, farfelue et un peu infantile.
Ce genre de film va enflammer les afficionados de ce style trash et joyeusement provocant que j’apprécie peu, personnellement.