Le Paradis de Zeno Graton
Un remarquable film documentaire sur la vie en IPPJ, Institut Publique de Protection de la Jeunesse. C’est là que sont « placés » des jeunes dont les actes, s’ils avaient été commis après l’âge de 18 ans, les auraient conduits en prison.
Leur lieu de vie est assez semblable à une prison mais ils y bénéficient de la présence d’éducateurs dont on ne dira jamais assez le dévouement et le rôle important qu’ils jouent pour la réinsertion de ces jeunes que la vie n’a pas gâtés.
Et comme c’est un film mis en scène, avec des jeunes comédiens tous très convaincants, il faut dire du film qu’il est « de fiction ». On retrouve en particulier cette comédienne très intéressante Eye Haïdara, admirée déjà e.a. dans 2 films Les Goûts et les Couleurs et La Lutte des classes du même réalisateur, ou dans Le Sens de la fête. Le rôle central est tenu ici par Khalil Ben Gharbia vu déjà dans Peter von Kant où il était excellent en jeune amant, personnage homosexuel qu’il assume à nouveau ici avec pour partenaire un Julien de Saint Jean très juste.
Tous sont enfermés, et pas seulement dans l’institution, mais surtout dans leur tête, incapables de reprendre leur destin pour s’intégrer dans une vie sociale non conflictuelle.
Le réalisateur, dont c’est le premier film, très réussi, capte les expressions, les regards, crée de mini-scènes qui illustrent admirablement cet univers carcéral qui ne dit pas son nom. Autrefois, l’on parlait de « maison de redressement ». Un thème semblable est traité dans Grosse Fraiheit et un environnement assez similaire est décrit dans Dalva et l’on sent que Genet et Foucault ne sont pas inconnus de l’auteur.
La difficulté d’un tel film est de le terminer, de lui trouver une fin. Vous en jugerez.
Et pour comprendre le titre au-delà de l’emploi à contre sens pour un lieu de détention, il faut évoquer le tatouage d’un serpent qui se mange la queue, un ouroboros pour utiliser ce nom peu connu, qui suggère que le symbole est à la fois évocateur de la limite d’un univers et d’une activité qui convient bien à ces 2 messieurs.
Un film qui, sans être paradisiaque n’en est pas moins très interpelant.
Des mains d’or de Isabelle Mergault
Quel amusant récit, fait pour la comédie, mais qui ne manque pas d’intérêt au-delà des répliques souvent percutantes. Je vous recommande les redressements de langage que le personnage joué par un excellent Lambert Wilson impose autour de lui, c’est très bien écrit et certains s’y reconnaîtront peut-être… Sauf que lui est élu à l’Académie française… Et c’est le temps de cette préparation à son installation qui est celui du film.
Cet homme austère souffre horriblement du dos bien qu’il soit le mari d’une médecin spécialiste des lombalgies, femme presqu’aussi caricaturale que leur ami chirurgien esthétique ce qui nous vaut quelques moments très drôles. Et c’est là qu’intervient Josiane Balasko, phénoménale bonne-femme qui incarne évidemment un monde complètement différent.
Au-delà des gags, des scènes rigolotes qui scandent le film, sans longueurs, c’est cette confrontation de deux univers qui amuse et touche à certains moments.
Ce n’est pas un film qui guérit, mais il soigne au moins de certaines tristesses.