Air de Ben Affleck
A respirer à pleins poumons ! Il est permis d’attendre du spectaculaire d’un réalisateur qui a déjà à son palmarès Live by Night et Argo, plus une incroyable carrière d’acteur, de scénariste, de producteur, sans négliger la rubrique « people ». Et c’est le cas de ce film dont on dit que c’est un « slam dunk movie », au sens littérale, un film coup de poing, mais l’expression caractérise une passe de basket-ball qui consiste à projeter le ballon directement dans l’arceau, un smash, et c’est aussi le noms des films manga qui concernent ce sport. Mickael Jordan est un des « dunkers » célèbres.
Ici le charme du film tient essentiellement aux numéros d’acteurs, au premier rang desquels l’indéfectible ami Matt Damon à la carrière exceptionnelle lui aussi qui amusera parce qu’il est en surpoids et déteste faire du jogging. Dans un film dont l’objet est le succès de Nike !
Le scénario est connu et enseigné dans les universités : il s’agite du « case » Adidas-Nike, une lutte des géants de la chaussure de sport. Elle est toujours d’actualité même si le film ne s’intéresse qu’à un moment charnière dans les années 80 de ce match des équipementiers. Inutile de raconter l’histoire qui se découvre de façon aussi amusante que claire durant le film. La restitution de l’époque est admirablement mise en œuvre, en particulier parce que le recours aux archives télé, dès le début, impose un style d’image, avec du grain, une colorimétrie NTSC toute particulière, « d’époque » qui rend le film très séduisant. La caméra en mouvement pratiquement dans chaque plan contribue à dynamiser un récit somme toute intéressant et amusant à la fois. Voyez comment ne pas montrer la vedette de l’histoire, un certain Michael Jordan… Mais sa maman est irrésistible, interprétée par la célèbre Viola Davis vu e.a. dans The Woman King .
Un film qui ne manque pas d’air, même si de graves questions sur cette industrie de la chaussure de sport sont laissés dans l’ombre.
The Quiet Girl de Colm Bairéad
Charles Dickens aurait pu inspirer cette mise en image à Éric Satie. Les accords délicieux se succèdent sans qu’un récit complexe ne soit nécessaire pour rendre très émouvante l’histoire de cette préadolescente, effacée et très en souffrance, celle provoquée par le sentiment d’être « en trop » dans une fratrie abondante élevée par des parents, paysans assez sommaires. Cette charmante gosse va être accueillie quelque temps de façon très prévenante par un couple qui souffre d’un secret douloureux. Séjour, hélas, qui doit prendre fin après l’été.
Le réalisateur Irlandais fait parler les acteurs dans sa lague et situe son action dans son pays, en 1981. Cela se voit peu, mais la campagne est belle et l’absence de technologie numérique accentue le côté rustique de la vie de ces familles.
Outre la qualité magnifique de cette jeune fille, ce qui frappe, c’est le sens du cadre qui, le plus généralement, privilégie le regard de cette gosse mal à l’aise, tant à l’école que dans sa famille. Et le choix d’un cadre 4/3 permet deux choses subtiles : limiter la vue latérale et permettre de voir généralement le sol et le plafond, ce qui est d’importance, vous le découvrirez en maintes séquences. La caméra est souvent à hauteur du regard de la jeune fille et capte parfois d’infimes détails qui, accumulés, donnent à ce film une vibration très particulière, sorte d’appel à la tendresse et à l’attention que mérite chaque enfant.