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Nouveau rapport sur le financement des films de fiction européens

Découvrez le nouveau rapport du Observatoire Européen de l’audiovisuel. Ci-dessous nous vous relatons un échantillion du rapport que vous pouvez retrouver  ici.

Budget moyen des films de fiction européens

Dans l’échantillon de données, le budget moyen d’un film de fiction européen sorti en salles en 2017 s’élevait à 3,21 millions d’EUR alors que le budget médian de l’échantillon était de 2,01 millions d’EUR. Les films à budget élevé ayant un effet significatif sur la moyenne alors qu’ils sont relativement peu nombreux dans l’échantillon, la médiane constitue peut-être une valeur plus représentative pour la majorité des films européens. Les budgets moyens varient considérablement d’un pays à l’autre. Il n’est pas surprenant de constater que les budgets moyens sont plus élevés sur les grands marchés et plus bas dans les pays à plus faible potentiel de recettes au guichet, car l’exploitation sur les marchés nationaux reste essentielle pour la plupart des films. Le budget médian d’un film de fiction européen originaire de France, d’Allemagne, d’Italie, de Pologne ou du RoyaumeUni (les grands marchés inclus dans l’échantillon) s’élevait à 3,2 millions d’EUR en 2017, contre 1,5 million d’EUR pour les films de fiction produits sur un marché européen moyen (marchés comptant entre 10 et 50 millions d’entrées par an) et 0,9 million d’EUR sur les petits budgets (marchés comptant moins de 10 millions d’entrées).

L’analyse des données suggère également que les coproductions internationales ont tendance à avoir des budgets plus élevés que les films nationaux à 100 %, les budgets médians des coproductions dépassant ceux des films nationaux à 100 % de 250 000 à 350 000 EUR.

Structure de financement des films de fiction européens

En 2017, le financement des films de fiction européens destinés aux salles de cinéma reposait essentiellement sur cinq sources de financement : les aides publiques directes, les investissements des radiodiffuseurs, les investissements des producteurs, les préventes et les incitations fiscales. Les deux principales sources de financement étaient clairement les aides publiques directes et les investissements des radiodiffuseurs, représentant respectivement 26 % et 24 % du financement total. Suivent ensuite, à distance, les investissements des producteurs et les préventes (hors droits de radiodiffusion), qui représentaient respectivement 18 % et 15 % du financement total. En dehors de ces quatre sources principales, seules les incitations à la production se distinguent comme source de financement pour 12 % des dépenses totales de production de l’échantillon en 2017.

Les autres sources de financement, notamment le capital-investissement, le financement par emprunt ou les investissements en nature, sont négligeables d’un point de vue cumulatif. Toutefois, l’exclusion des films français de l’analyse de l’échantillon produit des résultats très différents et illustre le « biais français » qui est introduit dans l’analyse complète de l’échantillon en raison de l’importance exceptionnelle du financement des radiodiffuseurs en France. Abstraction faite des films français, les aides publiques directes apparaissent clairement comme la source de financement de loin la plus importante des films de fiction européens, représentant 36 % du volume de financement cumulé, suivies à distance par les investissements des producteurs (18 %) et les préventes (14 %) alors que les investissements des radiodiffuseurs et les incitations à la production contribuent à hauteur de 11 % à la production de films de fiction hors France. Il est toutefois important de garder à l’esprit le biais de sélection qui pourrait exagérer l’importance des aides publiques directes. Il semble y avoir d’importantes différences structurelles entre les pays en ce qui concerne le mode de financement des films de fiction destinés aux salles et certaines de ces différences sont apparemment liées à la taille du marché. Les deux différences les plus évidentes concernent les aides publiques directes et les préventes. Les données suggèrent clairement que le poids des aides publiques directes dans le financement des films diminue avec l’augmentation de la taille du marché ou, en d’autres termes : plus le marché est petit (et donc le potentiel d’exploitation sur le marché national réduit), plus les aides publiques directes sont importantes. Alors qu’ils ne représentaient que 21 % du financement total sur les cinq grands marchés de l’échantillon, les financements publics directes représentaient 43 % sur les marchés de taille moyenne et 54 % sur les petits marchés de l’échantillon.

Différences entre les types de budget

L’analyse de l’échantillon fait également ressortir des différences structurelles dans le mode de financement des films de tailles budgétaires différentes. D’une manière générale, les films disposant d’un budget inférieur à 3 millions d’EUR dépendent dans une plus large mesure d’un soutien public direct, tandis que les films disposant de budgets plus importants financent leur production avec des parts proportionnellement plus élevées de préventes et d’investissements des radiodiffuseurs. Plus le budget est réduit, plus les aides publiques directes sont importantes ; elles représentent généralement au moins 40 % du budget total pour les films dont le budget est inférieur à 3 millions d’EUR. La part des aides publiques tombe à 23 % pour les films dont le budget est compris entre 3 et 10 millions d’EUR et à 13 % pour les films dont le budget est supérieur à 10 millions d’EUR. Si l’on exclut les films français de l’analyse, la part des aides publiques directes augmente pour tous les groupes de budgets mais suit le même schéma, à savoir que son importance est inversement proportionnelle à celle du budget. En revanche, il existe un lien direct entre les préventes et le budget, car leur part augmente proportionnellement à ce dernier : d’une part de 6 % pour les films à petit budget (moins de 500 000 EUR) à 25 % pour les films dont le budget dépasse 10 millions d’EUR.

Il semble en aller de même pour les investissements des radiodiffuseurs qui passent de 7 % pour les films à petit budget à 33 % pour les films à très gros budget. Toutefois, les données de l’échantillon suggèrent que, dans le cas des investissements des radiodiffuseurs, cette corrélation s’applique principalement aux films français, alors qu’elle ne peut pas être observée pour la majorité des autres échantillons de films européens.

Différences entre les films 100 % nationaux et les coproductions

L’échantillon de données suggère qu’il existe de nettes différences entre les structures de financement des films 100 % nationaux et des coproductions internationales. Cependant, certaines de ces différences semblent être spécifiques aux films français et sont un peu moins prononcées lorsqu’on les exclut de l’analyse. D’une manière générale, les coproductions internationales dépendent dans une plus large mesure des aides publiques directes, tandis que les films 100 % nationaux obtiennent une part proportionnellement plus élevée de leur financement par le biais des préventes, des investissements des radiodiffuseurs et des investissements des producteurs.

Les aides publiques directes représentaient 33 % du volume total de financement des coproductions internationales, contre 22 % dans le cas des films 100 % nationaux. Cette observation vaut également en excluant les films français (43 % pour les coproductions internationales contre 32 % pour les films 100 % nationaux). En revanche, les préventes semblent être plus importants pour le financement de films 100 % nationaux que pour les coproductions internationales. C’est particulièrement vrai hors de France où les préventes (hors radiodiffuseurs) représentaient 17 % du volume total du financement des films 100 % nationaux contre « seulement » 9 % pour les coproductions internationales. Dans une certaine mesure, cela vaut également pour les investissements des producteurs et des radiodiffuseurs, qui représentaient respectivement 25 % et 19 % du volume de financement des films 100 % nationaux, contre respectivement 23 % et 16 % dans le cas des coproductions internationales. Ces observations s’appliquent également en excluant les films français, même si le poids des investissements des radiodiffuseurs est alors nettement moindre.

Découvrez le rapport complet ici

Stanley Berenboom

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