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Errances et métamorphoses

Black Dog de Guan Hu

Le cinéma chinois n’est pas celui qui est le plus distribué chez nous. Ce film-ci n’en est que plus intéressant. Il nous emmène dans le désert de Gobi aux confins Nord de la Chine et au Sud de la Mongolie, au Nord Est du massif de l’Himalaya. L’un des plus grands déserts du monde, traversé par la route de la soie.
Nous allons découvrir là des paysages somptueux et une population très différente de nos usages. Ce qui rend le film très singulier, c’est la présence massives d’animaux, essentiellement des chiens qui se déploient en meutes. Et bien entendu, l’un d’entre eux va être au centre de cette petite communauté humaine traversée par des relations complexes à découvrir au fil de l’histoire.

Il y a un exotisme impressionnant qui nous est dévoilé par des personnages dont les allures, les comportements, répondent à des codes qui ne nous sont ni connus ni imaginables.

Il faut dire que l’activité centrale de cette communauté est la capture des chiens errants pour que la Chine soit présentable lors des Jeux Olympique d’hiver en 2022.

Le personnage central, revenant de prison, sera confronté aux uns et aux autres dans une sorte de parcours rédempteur et d’obligation de contribuer activement à la capture des chiens.

Il y a des accents felliniens dans certaines scènes en lien avec le monde du cirque, il y a des personnages absolument fascinants tant par leur singularité que par leurs comportements.

Et l’on ne sait si ce film est une espèce d’ode poétique ou une description sociologique, le portrait d’un homme compendieux ou une fable animalière. Sans doute un mélange de tout cela qui rend ce film superbe incomparable et très impressionnant.

Patience : sortie début mai…

Mr. K de Tallulah Hazkamp Schwab

Kafkaïen, on le comprend dès l’entame de ce film absolument extraordinaire, comme l’ont été certaines œuvres de Buñuel, de Lynch, de Wenders ou d’autres qui ont véritablement été démiurges.

Un magicien aux allures de Buster Keaton vient loger dans un vaste hôtel étrange.

Et s’en suivra un huis-clos de plus en plus compliqué basé sur l’idée simple que ce brave homme ne se retrouve pas dans le dédale des couloirs, un peu comme s’il souffrait d’Alzheimer. De déambulation en déambulation il fera des rencontres toutes plus extravagantes et angoissantes les unes que les autres dans un environnement qui se délabre progressivement, comme un corps atteint d’une lèpre envahissante.

L’histoire n’a ni queue ni têtes mais elle donne à la réalisatrice l’occasion de mettre en scène des moments de cauchemars. Dès le début du film, des failles apparaissent discrètement comme pour nous annoncer que nous entrons dans un univers complètement fêlé. Et vous ne serez pas déçus.

La communication autour du film le qualifie de « surréaliste » ce qui me parait un peu réducteur, c’est vous dire que la succession des scènes qui ne s’enchaînent que par la volonté d’une narratrice qui ne répond à aucune règle, aucun usage, va vous secouer de façon souvent amusante, parfois un peu répétitive, mais toujours délirante.

La réalisatrice norvégienne travaille aux Pays-Bas et a été remarquée il y a 10 ans pour un autre film Dorslover vol confetti.

Ne ratez pas l’occasion de faire sa connaissance, vous pourrez être très impressionné par la singularité de ce talent et ce film est vraiment un cas.

Francis de Laveleye

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