Sœurs de combat de Henri de Gerlache.
Précipitez-vous en salle, ce film remarquable doit être soutenu, vu et apprécié au-delà de celles et ceux qui ont déferlé dans nos rues pour « défendre le climat ».
Cette expression est bien réductrice pour exprimer le combat titanesque qui se joue entre les personnes conscientes du péril écologique et celles qui, par ignorance ou cynisme, n’entendent pas les cris de la planète qu’on assassine. Ici le mouvement Youth For Climat est encore peu structuré et l’écologisme politique a un immense chantier devant lui.
Le point de vue développé dans ce remarquable film est celui, convergeant, de femmes jeunes, très jeunes parfois, qui, aux quatre coins de la planète (pas facile pour une sphère) se sont lancées éperdument dans un combat de longue haleine pour que changent le comportement des prédateurs. Il y a une dimension quasi mystique dans leurs engagements et, pour ma part, j’ai été aussi ému par moment que si l’on me dévoilait une superbe histoire d’amour, celle de ces femmes conscientes de l’urgence d’agir.
Le colibri est une nouvelle fois appelé à la rescousse pour la fable de son concours à l’extinction de l’incendie. Mais c’est tellement parlant.
Nous découvrons des archives de l’aventure incroyable de l’occupation durant 738 jours d’un arbre en Californie, nous sommes témoins du travail militant le plus humble fait ici où là en assumant des tâches qui pourraient être perçues comme dérisoires mais qui sont emblématiques, nous faisons (mieux) connaissance de ces militantes dont la presse condescendante a fait des « passionarias » de l’écologisme féministe.
Toutes ces rencontres, ces récits qui s’entremêlent et s’enrichissent, concourent aux débats essentiels, ceux de notre survie. En nous épargnant le volet, pourtant essentiel aussi de l’approche scientifique du dérèglement climatique.
Ici nous survolons la canopée, nous écoutons de superbes personnes, les images sont très intenses. C’est du cinéma !
Ce film documentaire est cousin de DAS GEHEIME LEBEN DER BÄUME (LA VIE SECRÈTE DES ARBRES) et mérite une attention aussi soutenue.
Le réalisateur est l’auteur d’une vingtaine de films documentaires et celui-ci mérite d’être vu sur grand écran ; allez-y très vite pour qu’il y reste !
L’Innocent de Louis Garrel
Un très bon polar, comme on les aime, avec des personnalités fortes, un peu de prison, un casse qui ne casse rien mais qui est prétexte à une embrouille spectaculaire, sans violence.
Après y avoir suivi des cours d’interprétation dramatique, un homme sort de tôle sans que l’on ne sache ce qui l’y a amené. Sa prof a été (très) charmée. Elle a un fils (interprété par le réalisateur) qui est moins sensible que sa mère au charme de Roschdy Zem qui assume le rôle du caïd au cœur tendre, d’une façon sympa.
C’est avec amusement que l’on se laisse entraîner dans cette aventure assez marante car elle se veut réaliste alors que rien ne l’est. Ce qui prédispose bien à s’amuser de tout ce qui se passe. Les deux actrices, Noémie Merlant (admirée e.a. dans Le Ciel attendra, Le Retour du héros , Les Olympiades et Portrait de la jeune fille en feu et Anouk Grimberger qui revient en très grande forme sur le grand écran, sont toutes les deux « tapées » et comme à plusieurs reprises il y a des prolongements de l’apprentissage de la comédie, on est surpris par des moments très bien amenés.
Le réalisateur compte des dizaines de films à son actif comme comédien et on le verra bientôt dans Les Amandiers. Comme réalisateur, c’est son quatrième film. Une fois encore, le prénom d’Abel est utilisé pour le personnage qu’il incarne. La mère de l’acteur, Brigitte Sy a inspiré le personnage de la mère d’Abel. Et le second rôle de truand est tenu par un gars qui a fait 25 ans de tôle. Ça sent le vécu ! Tous les personnages sont filmés de préférence en plans serrés, ce qui donne du punch au récit.
Le travail sur la musique m’a semblé particulièrement soigné et intègre, une fois encore, des chansons du répertoire de la variété française. Cela commence par Pour le plaisir et nous fait réécouter des musiques de Grégoire Hetzel, compositeur aussi talentueux que prolifique. Vous vous amuserez d’entendre qu’il réutilise des thèmes e.a. de Les Fantômes d’Ismaël, et Roubaix, une lumière dont Roschdy Zem tenait le rôle principal.
Cela se sent et c’est agréable, c’est un film fait par des gens qui se connaissent, s’apprécient, cumulent leurs talents, mais pas en toute innocence !