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Review HORS NORMES

De Olivier Nakache et Eric Toledano

Énorme ! C’est un film très consensuel, généreux, interpellant, plein d’émotions, d’indignations, qu’il faut voir pour comprendre et admirer les deux personnes qui sont au centre de ce récit. L’une et l’autre ont entrepris, par pure générosité, de prendre en charge des autistes à des degrés divers de gravité, dont le comportement rend leur intégration sociale pratiquement impossible. Un aposto- lat dans lequel ils se font aider par des filles et des garçons, sans avenir, sans qualification, qui, trouvant là plus démunis qu’eux, semblent trouver aussi une raison d’agir, de vivre, de se consacrer généreusement aux autres.

L’histoire débute comme un polar, très dynamique qui nous coupe littéralement le souffle. Une entrée en matière qui annonce bien des difficultés rencontrées au fil des cas évoqués, en fonction aus- si des familles, des contraintes financières et de la confrontation avec l’administration qui a pour devoir de garantir la qualité d’un accueil qu’elle est incapable de mettre en place. Cette contradiction est bien exploitée dans le scénario, ce qui nous vaut de belles scènes de dialogues exprimant ce paradoxe : exiger sans pouvoir en donner les moyens.

Il n’y a pas d’exploitation visuelle de la misère profonde de ces gosses, de ces jeunes adultes, enfermés dans ce que nous n’arri- verons sans doute jamais à comprendre. Mais tous nécessitent de l’aide, car ils sont « hors normes ». Les lieux intérieurs filmés sont tous exigus, étriqués comme pour souligner le manque de moyens, de lieux d’accueil, de travail pour cette œuvre rédemptrice qui consiste à relever celles et ceux qui, à cause de leur maladie, sont au plus bas. Un sentiment d’enfermement, de prison intérieure. On ne peut qu’adhérer à cette mise en scène, caméra à l’épaule sai- sissant les moments vrais, vécus par ces autistes embarqués dans une histoire qui les met en scène. Souvenons-nous du Huitième jour.

Samba avait déjà permis à ces deux réalisateurs d’aborder une autre problématique sociale, celle des migrants illégaux. Le sens de la fête était aussi une comédie très pétaradante, sur fond social franco-français. Mais c’est avec Intouchables qu’ils ont touché le pactole, le plus grand succès du cinéma français.

Ici le sujet émouvant n’est pas traité de façon rigoureuse, didac- tique ce qui a deux conséquences : l’une, ne pas satisfaire les mi- lieux spécialisés dans ces troubles comportementaux si particu- liers, et l’autre, ne pas donner de ces troubles, au grand public, une image parfaitement documentée, actuelle et en lien avec la réalité quotidienne de ces personnes. Qu’importe, le cinéma n’est pas un amphithéâtre de faculté de médecine, ni une faculté qui forme des aides sociaux. Ici nous sommes entraînés dans une sorte de tourbillon qui nous laisse émus et admiratifs. Sauf sur un point que l’on devine à peine si l’on attend la toute fin du générique où, comme honteusement, en tout petit, apparaît Belga Films et l’intervention du tax shelter. Allez, disons que l’argent du contribuable belge aura ici, servi une bonne œuvre. Mais, une fois de plus, pas le cinéma belge.

 

 

Francis de Laveleye

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