Bacri et chuchotements:
Jean-Pierre Bacri n’est pas un comique troupier. Amateurs de Fernandel et de Louis de Funès, passez votre chemin ! Stop image ! On sort pourtant mort de rire de « Grand Froid », une comédie française (coproduit par la Belgique) qui a un goût d’humour noir à la british.
Trois croque-morts à bout de souffle (Olivier Gourmet, le patron et ses employés, Jean-Pierre Bacri et Arthur Dupont) doivent enterrer un bourgeois bien mis que sa veuve et son frère pleurent hypocritement. Jusque là, tout va bien surtout que l’entreprise de pompes funèbres a un pied dans la tombe et que cette commande vient à point nommé pour la réanimer. Mais, sur le long chemin qui mène au cimetière, patatras, il arrive des bricoles.
A première vue, ce pitch ne concurrence pas ceux des films des Marx Brothers. Pas même le scénario de Benoit Lutgen. Et pourtant, on meurt de rire en claquant des dents grâce à une fine équipe de comédiens qui nous mène en bateau du début à la fin.
Certains disent que la mise en scène de Gérard Pautonnier est un peu languissante mais c’est quand même un film de cimetière… De toute façon, les acteurs sont si sensationnels et si imprévus que « Grand Froid, un film surprenant, inhabituel dans la production française, est une des premières surprises de la rentrée.
Bacri est décomposé juste assez et aussi parfait que toujours. Gourmet est surprenant dans une composition de chef d’une entreprise de pompes funèbres abruti et endormi. Et la révélation, Arthur Dupont, en fait peut-être un poil trop mais ce p’tit a l’avenir devant lui (et derrière chaque fois qu’il se retourne comme le prédisait Pierre Dac).
Tous les seconds rôles sont parfaits, et cela mérite d’être souligné car ils sont souvent négligés dans la production française. Particulièrement Wim Willaert en patron de restau chinois (on l’avait vu déjà remarquable dans « Quand la mer monte » de Yolande Moreau). Ainsi que Françoise Oriane dans le rôle d’une vieille dame un peu braque nommée Madame Cisca (et non Siska, amateurs de gaufres, passez votre chemin !)
Les puristes cinéphiles rappelleront sur un sujet identique « The Loved One » (« Le Cher Disparu ») de Tony Richardson d’après un roman hilarant de Evelyn Waugh mais ce film a cinquante ans et on ne sait comment il a survécu…
De toute façon, humour et mort ont souvent fait bon ménage.